mardi 6 décembre 2011

Le pays de mon rêve























Oh amours blessés ! Ô cœurs brisés !
Venez voir le pays de mon rêve
Où le vent chante sans trêve
Une romance sur l'aube et la vierge rosée
Rassasiez vos âmes de ce vin de la plénitude,
Jusqu'à l'extrême vertige et l'ultime ivresse.
Ces feuilles mortes ! Cette lancinante jeunesse !
Faites-les brûler dans cette adorable solitude
Et la terre noire se meublera de merveilles ;
Et l'orage s'apaisera comme mes vieux sanglots
Et la mer s'arrêtera de gémir comme ses flots
Et nos yeux seront ravis des plus beaux soleils.
Las de rire, je pleure au gré de mon cœur
Qui divague dans les songes et plane
Comme une cigale, de l'azur au platane.
Las de vivre, je dors doucement et je meurs.
Mon cerveau est un large verger
Où dansent les diables de volupté et de l'ironie
Pourtant l'extase de mon pays n'a pas changé.
Avec des mains tremblantes, d'une voix vibrante
Je parle aux fleurs, aux oiseaux qui s'en vont
Dans la voûte du ciel bleu et oscillent au vent.
Je leur raconte mes troubles et cela les épouvante.
Mais moi, je me penche comme un tilleul sur le verre
Et d'un seul coup, je retranche mon passé.
Ces idiotes qui ont sapé mes sereines pensées,
Je les extermine une à une en achevant cette bière.
Le soir, c'est la fête des crépuscules qui me soule ;
L'ardent horizon m’enflamme, me réjouis et m'enivre
A ces feux rougeâtres, à ces derniers sourires je me livre
Tout entier comme une bête assoiffée dans une houle.
Et puis je deviens le spectre des pauvres le plus maudit
Qui traverse comme la foudre toute la ville
Si triste, si froide que je l'embrase de mes idylles;
Et je demeure enfin l'auteur des plus vagues incendies
Rien n'est étrange que le pays de mon rêve
Où les remords s'effacent dans la mémoire
Ainsi que les dernières lueurs du soir
Et les vaniteux, les riches, les hypocrites crèvent.
Si la tempête éclate dans ce silence que je savoure
Mon rire atroce s'avérera plus tenace
Car je suis le spectre, l'horrible face.
D'un monde qui s'écroule déjà avec l'écume des jours
Mes amours sont fades comme des fleurs fanées
Mais je réinvente des plus beaux dans mes rêves
Vestiges d'un naufrage dans ces mornes grèves
C'est pour cela que je ne regrette pas ces moroses années.
Maintenant, laissez-moi rire et rêver si bien
Que l'oubli et les ondes m'emportent au déjà
De l'inconnu, de l'éphémère et de tout ce qui est plat .
Où on rit tellement qu'on ne se souvient de rien.

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